Faut-il dire « la faute à » ou « la faute de » ? Cette question linguistique, en apparence anodine, sème souvent le doute. Entre ce que l’on entend dans la rue et ce que les règles de grammaire imposent, la confusion est fréquente. Pourtant, il existe bien des règles claires pour distinguer les deux formes. Loin d’être un simple détail de langage, ce choix a des implications sur la précision de vos phrases, que ce soit à l’oral ou à l’écrit.
Dans cet article, nous allons démêler cette énigme : vous saurez quand utiliser « la faute à », quand préférer « la faute de », et pourquoi certains auteurs, comme Hugo, ont volontairement contourné la norme. Bref, vous saurez tout sur la faute à ou la faute de.
« La faute à » ou « la faute de » : une confusion courante mais évitable
Lorsqu’on entend « c’est la faute à Paul », certains tiquent sur le plan grammatical. Pourtant, cette expression est fréquente dans le langage courant.
Forme correcte : « la faute de »
Dans un registre soutenu, on emploie « la faute de » pour désigner une responsabilité de manière neutre.
Exemples :
- L’accident est la faute de l’automobiliste distrait.
- C’est la faute de la météo si la récolte est ruinée.
Tournure populaire : « la faute à »
« La faute à » est considérée comme familier, voire incorrect dans un contexte formel. Pourtant, elle est bien ancrée à l’oral, et utilisée volontairement dans certains registres littéraires ou humoristiques.
Exemple littéraire :
Victor Hugo, dans Les Misérables, écrit par la voix de Gavroche :
« C’est la faute à Voltaire, c’est la faute à Rousseau. »
C’est une licence poétique, destinée à refléter un langage populaire. Aujourd’hui encore, cette tournure sert à exprimer l’ironie, la contestation ou la dérision.
Exemple familier :
- C’est la faute à pas de chance.
En résumé :
- À l’oral, « la faute à » est tolérée.
- À l’écrit, surtout en contexte professionnel ou scolaire, préférez « la faute de ».
Comment utiliser correctement l’expression « faute de »
L’expression « faute de » appartient au registre soutenu. Elle signifie « par manque de » ou « en l’absence de ».
Construction avec un nom ou un infinitif :
Exemples :
- Faute de preuves, l’accusé a été relâché.
- Faute de temps, nous avons annulé la réunion.
- Faute d’avoir anticipé la situation, le projet a échoué.
Elle peut être remplacée par :
« en l’absence de », « à défaut de », selon le contexte.
Exemple professionnel :
- Faute de personnel disponible, la sortie scolaire est reportée.
Attention : « faute de » est différent de « la faute de », qui désigne une responsabilité.
Ne pas confondre les deux.
« La faute à Voltaire » : un exemple littéraire devenu expression populaire
La célèbre phrase « C’est la faute à Voltaire, c’est la faute à Rousseau » est tirée de Les Misérables. Elle sert de référence pour expliquer l’usage volontaire de « la faute à » dans un contexte littéraire.
Pourquoi Victor Hugo a-t-il utilisé cette tournure ?
- Il s’agit d’un choix stylistique, adapté au personnage de Gavroche, un enfant des rues.
- L’expression est revendicative, ironique, et reflète une langue orale populaire.
Aujourd’hui, on la retrouve dans :
- des chansons,
- des slogans,
- des expressions humoristiques : « C’est pas moi, c’est la faute à Voltaire ! »
À retenir :
Même si acceptée dans la littérature ou à l’oral, « la faute à » reste à éviter dans les écrits académiques ou administratifs.
À ou de : comment choisir la bonne préposition après « faute »
Le choix entre « à » et « de » dépend du sens de la phrase.
Utilisez « faute de » pour exprimer un manque :
Exemples :
- Faute de moyens, le projet a été abandonné.
- Faute d’informations, nous avons repoussé la décision.
Utilisez « la faute de » pour exprimer une responsabilité :
Exemples :
- C’est la faute de Julie si le colis est arrivé en retard.
- La faute de l’équipe a coûté la victoire.
« La faute à » : tournure familière, parfois stylistique
Exemple oral :
- C’est la faute à la défense.
Réécriture correcte :
- C’est la faute de la défense.
Certaines expressions figées utilisent « faute de », car elles expriment une cause indirecte ou un manque :
Exemples :
- Faute de frappe
- Faute de goût
- Faute de mieux
Résumé pratique et erreurs à éviter : « la faute à » ou « la faute de »
Voici un récapitulatif clair pour bien utiliser chaque tournure :
« Faute de » = manque / cause neutre
- Faute de temps, le rapport n’a pas été rédigé.
- Faute d’arguments, il n’a pas pu convaincre.
« La faute de » = responsabilité identifiée
- C’est la faute de Marc.
- La faute de l’agence a été reconnue.
« La faute à » = familier / oral / stylistique
- C’est la faute à pas de chance.
- C’est la faute à Voltaire. (expression littéraire)
Erreurs à éviter :
- La faute à moi → Incorrect. Dites plutôt : C’est ma faute.
- Ne pas utiliser « la faute à » dans les contextes formels (rapports, CV, articles).
En conclusion
- À l’écrit formel, évitez « la faute à ».
- Préférez : « la faute de » (responsabilité), ou « faute de » (manque).
- Utilisez « la faute à » uniquement dans un registre familier, ironique ou littéraire.
Cela vous garantit une expression juste, adaptée au contexte, et respectueuse des règles de grammaire.
Souhaitez-vous une version PDF ou un format web prêt à publier ?