L’écriture inclusive est une forme d’écriture qui vise à garantir une représentation égalitaire des genres dans les textes. Elle consiste à éviter l’emploi exclusif du masculin générique pour désigner les personnes. C’est ainsi qu’elle introduit des marques linguistiques spécifiques qui incluent les femmes et les genres non binaires (personnes dont l’identité de genre ne correspond pas exclusivement au genre masculin ou féminin traditionnellement assigné à la naissance).
Pourquoi utilise-t-on l’écriture inclusive ?
L’écriture inclusive veut promouvoir l’égalité des sexes.
Elle vise à inclure et à valoriser les femmes ainsi que les personnes non binaires et transgenres. Elle met fin à la domination grammaticale masculine de la langue française. Les personnes non binaires sont des personnes qui peuvent se sentir à la fois masculines et féminines, être fluides entre les deux genres, ou se situer complètement en dehors du spectre binaire. Ces personnes peuvent alors utiliser différents termes pour se décrire, tels que agenre, bigenre, genderqueer, genderfluid, etc. Elles peuvent également utiliser des pronoms neutres comme « iel », « ielles » ou « iel/elle ». Il est important de respecter l’identité de genre et les pronoms préférés des personnes non binaires. Il faut les reconnaître et les traiter comme des individus à part entière. C’est ainsi, en utilisant l’écriture inclusive, que l’on souhaite rendre visible tous les genres et reconnaître l’égalité entre les hommes et les femmes.
L’écriture inclusive lutte contre la discrimination et les stéréotypes.
L’utilisation de l’écriture inclusive permet de déconstruire les stéréotypes de genre et de promouvoir une vision plus égalitaire et inclusive de la société. C’est un outil qui vise à rendre les femmes visibles et en les incluant dans le langage. Traditionnellement, la langue française utilise le masculin comme neutre, ce qui invisibilise les femmes et renforce les inégalités de genre. En évitant l’utilisation systématique du masculin générique, on évite ainsi de renforcer les inégalités et les discriminations liées au genre.
Le fait d’utiliser systématiquement le féminin dans les professions permet de lutter contre l’idée préconçue selon laquelle certains métiers seraient réservés aux hommes ou aux femmes.
L’écriture inclusive est également un moyen de sensibiliser les personnes à l’égalité des genres et de promouvoir une réflexion sur les stéréotypes et les discriminations. En rendant visible l’existence des femmes dans le langage, on encourage une prise de conscience collective des inégalités et des préjugés de genre.
L’écriture inclusive reflète la diversité des identités.
Elle reconnaît qu’il existe une diversité d’identités de genre, au-delà des catégories binaires traditionnelles (homme/femme). En incluant des formes neutres ou alternatives dans l’écriture, on permet donc à chacun de se reconnaître dans le langage et de se sentir inclus. On reconnaît et respecte la diversité des identités et on lutte contre les discriminations basées sur le genre.
L’écriture inclusive est donc un outil qui permet de sensibiliser le grand public aux questions d’égalité des sexes et de genre. En utilisant une langue plus inclusive, on contribue à changer les mentalités. On remet en question les normes patriarchales et sexistes.
Quelles sont les règles de base de l’écriture inclusive ?
L’écriture inclusive vise à promouvoir l’égalité des genres en modifiant la manière dont nous utilisons le langage écrit. En voici quelques règles de base :
Utiliser le point médian :
Pour inclure les deux genres, il est recommandé d’utiliser un point médian. Il remplacera alors le masculin générique dans les mots épicènes (ex : cher·e·s étudiant·e·s). Le point médian représente un espace inclusif entre les deux genres masculin et féminin. On peut aussi utiliser le tiret (ex : tou-te-s les employé-e-s).
Utiliser la forme féminine en premier :
Dans certains cas, il est courant d’utiliser la forme féminine en premier, suivie du masculin entre parenthèses (ex : les étudiantes et étudiants).
Utiliser des termes neutres :
Utiliser des termes neutres pour désigner des fonctions ou des professions, plutôt que des termes spécifiquement masculins ou féminins. Par exemple, on va utiliser le terme « personnes » au lieu de « hommes » ou « femmes ».
Éviter les accords genrés :
Éviter les accords genrés, tels que l’usage exclusif du masculin pluriel pour désigner un groupe comprenant des personnes de différents genres (ex : tous les étudiants pour un groupe mixte d’étudiants et d’étudiantes).
Utiliser des noms collectifs inclusifs :
Utiliser des noms collectifs inclusifs, tels que « l’humanité » ou « les personnes » plutôt que « les hommes » pour désigner l’ensemble de la population.
Éviter les stéréotypes :
Il faut éviter d’utiliser des expressions qui renforcent les stéréotypes de genre. Par exemple, au lieu de dire « les femmes au foyer », on peut dire « les personnes qui restent à la maison ».
Quels ont les problèmes posés par l’écriture inclusive ?
L’écriture inclusive pose plusieurs problèmes :
La lisibilité du texte
Certaines personnes estiment que l’utilisation de formes d’écriture inclusives, comme le point médian (ex: étudiant·es), rend la lecture plus difficile.
Une plus grande complexité
On peut également considérer que l’écriture inclusive renforce la complexité de la langue française. Elle introduit en effet de nouvelles règles de grammaire et d’orthographe, qui peuvent être difficiles à assimiler. En outre, ses détracteurs estiment qu’elle va à l’encontre des règles linguistiques et grammaticales de la langue française, en modifiant la structure des mots et en introduisant des termes novateurs.
Une réelle inclusion ?
L’écriture inclusive est critiquée. En effet, certains estiment qu’elle n’est pas acceptée socialement et qu’elle peut être perçue comme une manière de politiser la langue française. Elle est d’ailleurs l’objet d’une polémique entre la gauche, qui la soutient, et la droite au sens large, qui veut la proscrire. D’autres argumentent qu’elle ne garantit pas une réelle inclusion des femmes et des personnes non-binaires. Ils affirment que les problèmes d’inégalités de genre se situent à un niveau plus profond que la simple utilisation de termes écrits.
En outre, il faut savoir que le Sénat, le 31 octobre 2023, a adopté un texte interdisant sa pratique « dans tous les cas où le législateur exige un document en français ».
Déjà, en octobre 2017, l’Académie française avait adopté à l’unanimité une déclaration mettant solennellement en garde contre l’utilisation de l’écriture « dite inclusive ». Elle lançait un cri d’alarme, disant que la langue française se trouvait « en péril mortel ».
Une circulaire de l’ex-Premier ministre Edouard Philippe « invitait » les ministres, « en particulier pour les textes destinés à être publiés au Journal officiel de la République française, à ne pas faire usage de l’écriture dite inclusive ».
Le chef de l’Etat lui-même, le jour de l’inauguration de la Cité internationale de la langue française, avait tenu des propos largement défavorables à l’écriture inclusive.
On peut enfin considérer que l’écriture inclusive introduit une discrimination à l’égard des personnes aveugles ou malvoyantes. Elle peut leur présenter des obstacles supplémentaires en raison de la nature de leur handicap. Les logiciels de synthèse vocale ou les lecteurs d’écran utilisés par ces personnes peuvent être perturbés par les nouvelles règles grammaticales introduites par l’écriture inclusive.
La lecture à voix haute de l’écriture inclusive
Une personne qui écrit un discours doit-elle, peut-elle, le faire en écriture inclusive ? En effet, quand le discours sera lu, la plupart des formes inclusives disparaitront. Il est impossible de dire : « Je souhaite la bienvenue aux étudiant·es de 1re année. « Ielles » vont pouvoir bénéficier de toutes nos nouvelles installations. »
Il est donc important de souligner que l’utilisation de l’écriture inclusive est un débat en cours. Différentes personnes ont des points de vue très divergents sur la question. Il existe différentes approches et opinions sur le sujet. Certains estiment que l’écriture inclusive rend la langue française plus complexe et difficile à lire. D’autres soutiennent qu’elle est nécessaire pour promouvoir l’égalité et l’inclusion.
Le correcteur professionnel et l’écriture inclusive
Un correcteur se doit de respecter les choix et les demandes de ses clients. Il m’est arrivé d’avoir à corriger un document universitaire pour une étudiante travaillant dans une université francophone (en Suisse) qui attachait une grande importance à l’écriture inclusive. J’ai dû me familiariser avec l’utilisation des mots épicènes et du point médian, en veillant à gérer les accords de façon très diplomatique… Mais en même temps, je me remémorais l’époque où j’étais enseignant. J’imaginais les difficultés supplémentaires qu’auraient rencontrées mes élèves pour écrire un texte et/ou le lire, à voix haute ou en lecture silencieuse.
Pour conclure, et même s’il ne faut pas que je prenne parti, je dirai que je suis, largement, pour l’égalité homme-femme. Il faut la défendre et la promouvoir, mais par d’autres moyens qu’en modifiant l’écriture d’une langue française déjà bien assez complexe. Avec discipline, je rejoins le Sénat, l’Académie française, l’ex-Premier ministre Edouard Philippe et l’actuel chef de l’Etat. Avec compassion, j’ai une sincère pensée pour mes ex-collègues enseignants (je devrais plutôt écrire « enseignant·e·s »…). Je leur souhaite de ne jamais avoir à souffrir sur la gestion de l’apprentissage de l’écriture inclusive par des élèves en difficultés, qui deviendraient majoritaires !